Guillaume Des Autels, “Mythistoire Barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon” édition critique par Michèle Clément et Jean-Charles Monferran, STFM, 2024.

La Mythistoire est un court roman parodique d’inspiration rabelaisienne, à la fois parodie de roman d’initiation et de roman sentimental. Sa singularité ? Raconter d’abord l’histoire de Fanfreluche, princesse de la Creuse, fortement déterminée par l’usage sexuel de ses « fanfreluches », puis l’histoire de Gaudichon, le jeune héros itinérant et étudiant en droit ; les deux personnages se rencontrent à la toute fin du récit et leur histoire d’amour, qui était le sujet annoncé du roman, nous est alors promise … « au second livre ». Le récit est mis dans la bouche de Songecreux, serviteur et narrateur impertinent. La matière est comique, souvent triviale, parfois savante et le roman devient un campus novel, donnant lieu à des chapitres de romanesque juridique quand Gaudichon étudie le droit, ou à un palmarès poétique quand il visite le Mont Parnasse et ses poètes. La matière est hétéroclite, le réalisme alterne avec le mythologique mais tout est vrai car « celuy qui se veut mesler d’escrire une histoire, doit sur tout avoir devant les yeux, qu’il n’escrive rien qui ne soit vray ». La théorie de la fiction qui sous-tend le roman le place au cœur de la réflexion humaniste sur la fiction et l’histoire, au cœur de l’histoire intellectuelle et confessionnelle des années 1540, fantaisiste fenêtre ouverte sur les débats d’idées de la France humaniste.